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Les mots de Lilou
15 avril 2012

Une photo, un mot 36

 

 

36

un photo quelques mots

 

La maison de l’enfance

 

Qu’est-ce qu’il l’avait amenée sur ce chemin…

Elle ferme les yeux et la magie opère.

Elle revoit cette grande maison cossue, presque carrée, un toit à quatre pentes et ses fenêtres rondes en œil de bœuf.

Elle revoit les volets de bois peints en vert jade et la porte d’entrée aux montants en chêne verni. Elle revoit le rosier grimpant croulant sous les abondantes inflorescences qui dispensent un parfum puissant, subtil mélange entêtant de rose de Damas et de pointe citronnée.

Elle ouvre les yeux et aperçoit une petite fille qui court en riant aux éclats sans chaussures ni chaussettes dans la pelouse dont les brins d’herbe lui gratouillent et lui chatouillent la plante de ses pieds nus. Elle se dirige vers la silhouette accroupie près du mur en pisé derrière la maison. Un chapeau de paille sur la tête, il « grabotte » son potager avec tant de soin. Elle se souvient de son « parrain » qui lui a expliqué les secrets de la nature.

Les larmes lui vinrent aux yeux. Pourtant elle n’était pas d’une nature nostalgique. Le passé ne l’intéresse pas. De passé, elle en a si peu. Abandonnée à la naissance, elle avait grandi d’abord dans les pouponnières de la DASS. Elle était un dossier sur lequel un tampon rouge s’étalait en gras « non adoptable ». Les rouages administratifs, elle ne les connaissait pas. Tout ce qu’elle savait c’est que pour elle foyers et famille d’accueil s’étaient succédés.

Ses paupières se referment ; Julie. Elle s’appelle Julie, ce prénom, une carte dans le couffin l’indiquait. C’était une gamine adorable, le genre auquel on s’attachait facilement si bien qu’on la changeait de famille de temps en temps de peur que l’affection que les accueillants lui portait ne soit nocive. Intelligente et douée, elle comprit très tôt que c’est en travaillant à l’école qu’elle arriverait à être quelqu’un. Puisqu’elle n’avait pas d’identité, elle devait se la forger.

Est-ce un hasard si, aujourd’hui, elle se retrouve ici ; probablement pas puisqu’elle est revenue dans cette région pour quelques jours de repos.

 

La petite fille, c’est elle. C’est dans cette maison qu’elle aurait voulu vivre avec ses « parents ».  Peu lui importait qu’elle soit isolée… On ne lui a pas laissé le choix.

Si elle cherche bien, un panneau « À vendre » ne serait-il pas caché ?

 

Lilou

dimanche 15 avril 2012

 

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