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Les mots de Lilou
24 février 2012

Les plumes de l'année : les mots en N

nouvelle – notoire – nigaud(e) – nature – nuance – nacelle – neutre – noix – naufragé(e) – nuage – nirvana – nana – nymphéa(s) – nouille – noble – noise – nitrate – nenni – noctambule – neuf – nougat.

 

Vilaine fille

 

Il était une fois, Nimbas et Cumulis. Ils étaient de souche le plus qu’il soit noble dans le peuple des Nuages. Ils avaient grandi ensemble et nul ne doutait qu’ils se marieraient un jour. Bien évidemment les épousailles eurent lieu dans une liesse inénarrable et le bonheur fut à son comble quand naquit un 28 février la délicieuse petite Giboulée. Dès que la nouvelle fut connue, le  baptême fut organisé dans le lendemain  et  nombres dieux et déesses vinrent auprès de la nacelle du petit berceau garni des plus belles nymphéas. Tous prédirent un avenir serein et une destinée des plus belles. Mais dans un coin, le vieux Râ, notoire ronchon bougonnait  dans sa barbe : « Y pas idée de faire une fête en février et en plus le vingt neuf cela ne lui portera pas chance à cette Giboulée ». Ceux qui l’entendirent estimèrent que c’était bien là des propos déplacés de vieil ours mal léché, toujours à chercher des noises, et continuèrent la fête sans plus jamais y penser. Prophétie ou hasard :  voici ce qui arriva.

La tendre Giboulée fut élevée dans une sorte de cocon cotonneux,  protégée de la moindre brise, à l’abri,  très loin des bises,  des tornades ou autres cyclones maléfiques. Elle était choyée et adorée de tous les autres nuages et ses parrains et marraines veillèrent à une éducation sans faille.

Un jour, Giboulée, allongée sur un petit stratus moutonnant entendit un bruit tonitruant. Elle vit alors un jeune nuage bien fait  de sa personne qui arrivait  sur une moto Stratos rutilante déplaçant  une volée de poussière sûrement polluée de nitrates douteux et pétaradant des klaxons Jacky. Son cœur  fut saisi d’émoi et elle tomba comme un fruit mûr dans le giron du bel étranger qui répondait au nom de Cirrus.

Il confia  plus tard que  dans la nature  en bas, il y avait des nuages de perles et d’or, que des cristaux de diamants scintillaient de mille feux que l’herbe était si verte irisée de nuances bleutées. Elle se  désaltéra à la source de  ses paroles émollientes  douces comme des nougats parfumés au miel et  quand il lui proposa de partir avec lui , la pauvre nigaude  elle tomba en pamoison renversée et complètement chamboulée . Elle crut atteindre le  nirvana.

Aux cris de sa famille : mais comment allez vous vivre ?  Elle répondit qu’ils iraient là ou le vent soufflerait et que la vie serait bien plus belle. La fée Eclaircie sa marraine qui était restée neutre dans ce conflit lui expliqua qu’en bas ce n’était pas sucré et tendre comme le nougat, qu’il y avait des conflits dangereux. Elle lui raconta aussi l’histoire de la petite Perlette, la petite du nuage Nana qui voulut aussi partir ; elle se retrouva très vite dans une casserole avec des nouilles. La pauvrette avait dû se battre pour s’échapper d’un typhon de syphon  atroce. Epuisée, elle était revenue brisée en plusieurs éclats.

Fut-elle convaincue ?  Que nenni ! Personne n’ y arriva. Alors ses parents l’enfermèrent alors mais elle réussit à s’échapper grâce à son amie Blanquette. 

Hélas, le jeune freluquet avait l’âme aussi noire que ses yeux étaient bleu pervenche. Arrivés dans la stratosphère, les belles paroles furent oubliées. Chef de la bande des Noctambules, chaque nuit, il grondait et tonnait très fort. La pauvre Giboulée fut trimballée de droite et de gauche. Elle tournoya sans cesse se laissant embarquée dans des rencontres indignes. Elle perdit toute sa fraîcheur et se mit à grossir. Elle avalait tout ce qui se présentait : des gouttes d’eau les plus pures aux gouttes les plus sales et contaminées. Bientôt elle fut tellement énorme et gonflée que n’intéressant plus aucun noctambulocirrius, elle fut balancée tel une coquille de noix dans un le ciel sans aucune forme de procès.

Elle pleura de ton son cœur, d’abord des torrents de larmes, puis la colère monta en elle ; les larmes se transformèrent en gros grêlons. Un peu apaisée, Giboulée jeta un regard angoissé vers le ciel. Une lueur semblait l’appeler. Lentement, les billes devinrent plus fines et des cristaux blancs se mirent à virevolter. Très vite transformés en eau, les flocons se brisèrent à la surface de la terre. Au contact des rivières, fleuves et océans, Giboulée se rasséréna. Comme une naufragée elle s’approcha d’une douce source de chaleur qui   la caressa puis devint légère très légère. Elle suivit cette lueur comme un chemin salvateur.

Arrivée en haut essoufflée, elle se posa sur le bord d’un nuage gris. La chaleur devenait insupportable. Elle comprit que le vieux Râ l’avait sauvée mais à une condition. Chaque année, tous les mois de Mars, elle devait revenir sur la Terre pour expier sa faute et apporter l’eau aux humains.

 

Lilou

vendredi 24 février 2012

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