Des mots ; une histoire 44
Mazarin
Mazarin se mit à tourner dans sa chambre. Le réveil n’avait pas encore sonné, à peine sortie des restes vaporeux alcoolisée, que, déjà il tempêtait. Déjà hier au soir, il s’était mis en colère parce qu’un foutriquet avait nonobstant, osé écrire son prénom sans majuscule, une injure. Ensuite il s’était rebellé dans une indifférence générale, contre la construction de cette pagode, là sous ses yeux. Il n’aimait pas les chinoiseries et celle-ci ressemblait à un hérisson sans piquant autant dire à rien, et surtout celle de sa mère qui continuait tranquillement à préparer des tartines de crème à la châtaigne, cette douceur qu’elle s’octroyait chaque soir avant d’aller dormir. Ah ! Elle avait bien du mérite la pauvre mère de Mazarin. Un bon à rien qui passait ses journées et une partie de ses nuits à traîner on ne sait où, probablement dans des cloaques de basse fosse. Quand il était de retour, il s’installait près du tertre où elle faisait pousser des fleurs ; Ah ses fleurs ! Elle en était fière. Elle avait la main verte dit-on ! Une technique infaillible pour faire repartir des plants les plus petits, les plus chétifs soient-ils. Elle avait même réussi à acclimater une variété de laitue que l’on ne trouve pas dans nos contrées et découverte quelques années auparavant alors que son exubérant époux, parti chasser en forêt de Chevreuse, avait cruellement trouvé la mort. Elle gardait amoureusement les graines d’une année à l’autre dans un endroit secret.
Enfin, ce matin, en voyant la tête de son fils cadet, elle se demandait pourquoi les hommes n’étaient pas immortels. Peut-être que son père aurait su… Aurait su quoi au juste. Un enfant ne va pas forcément calquer sa vie sur celle de ses parents. C’est du moit - moit. Elle n’allait pas encore se sentir coupable des frasques de son gamin comme elle disait.
Au fait qu’elle idée avait eu le parrain de suggérer ce prénom de Mazarin pourquoi pas tout simplement Louis ou Jean même Régis.
Oh ! Qu’il est beau ce prénom Régis, il veut dire roi ; elle l’avait lu un jour dans un livre intitulé Virgule prêté par son amie Mazarinette.
Lilou
jeudi 20 octobre 2011