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Les mots de Lilou
29 septembre 2011

Des mots ; une histoire 41

Désir d'histoire

Mai 1943

 

La guerre malmène le monde. En ce temps là, tout est à feu et à sang, les traumatismes sont violents. Chacun a choisi son camp par conviction ou  par incompréhension oui naïveté, par peur ou  par devoir, par confiance ou par révolte enfin parce que…

La résistance se soude et la clandestinité s’installe.

Dans une petite ville de France tout est feutré et tranquille en apparence.  La journée, on vaque à ses occupations, les mères essayent de trouver la nourriture nécessaire dans les magasins et partent tôt ; les files d’attente s’allongent de jour en jour.

Mais en cette douce soirée de mai, l’humeur est à la détente, au repos. Toute la journée le soleil a dardé ses rayons chauds et dans le jardin botanique. Les lilas exhalent leur fragrance rivalisant avec les effluves  des pommiers du japon. Et oui, la nature chaque année reprend ses droits.

Bien pratique ce jardin botanique agrémenté aussi d’une partie animalière ; il est le repère des amoureux ; dans la pénombre les jeunes et les moins jeunes se donnent des rendez-vous galants et se promettent le reste de leur vie, s’étreignent et se murmurent et se soupirent des mots doux. 

Tiens ce soir, deux couples sont là … éloignés l’un de l’autre,  pas le droit de se réunir, trop dangereux. Pourtant leur préoccupation  à cet instant est tout autre. L’un des couples rejoint tranquillement, enfin espère-t-il, l’aile ouest du parc qui débouche sur un grand champ.

Un autre, lui avec une casquette sombre, elle un flacon à la main, contourne la grille du parc juste en face de l’ancien potager que cultivait ce brave Maurice, un jeune que l’on appelait souvent « Innocent » parti un jour septembre 1939 et dont plus personne n’a de nouvelles. Un bruit sourd se fait entendre, c’est l’heure, il faut allumer les feux, genre  feux de Bengale pour éclairer ce coin qui servira de piste d’atterrissage. La fumée qui s’échappe, dégage une odeur acre les fait éternuer. Pas le temps de s’arrêter, il faut préparer aussi l’arrivée d’un parachutiste. Soudain, le petit avion à hélice grossit à l’horizon et pique du nez pour se poser avec quelques secousses avant de s’immobiliser. Un homme en descend rapidement ; il court vers l’homme à la casquette ; Surprise, c’est  Maurice ; le plaisir de se retrouver, un pas de java esquissé et l’homme à la casquette grimpe à bord. Sa compagne lui glisse autour du cou  en l’embrassant, une breloque en argent, un porte-bonheur et un mot écrit à l’encre violette. Très vite l’appareil décolle. Pendant ce temps, dans un saut impeccable, un homme arrive en parachute. Saut impeccable oui mais dans l’enclos des éléphants qui malgré la nuit sont dehors ; ils contemplent d’un air étonné cette masse blanche qui se débat dans un embrouillamini de fils et de toile. Tout est fini ; plus aucune trace sur l’herbe, plus personne ; l’air s’embaume d’un parfum  de miel  et l’astre de la nuit déchire la ouate des brumes et brille de tous ses rires. Demain sera un autre jour !

 

Lilou

parachutiste – flacon – humeur – éléphant – breloque – temps – encre – saut – champ – potager – miel – éternuer – traumatisme – fragrance – flou – mots – piquer – amoureux – effluves – rire – étreindre – astre – java

jeudi 29 septembre 2011

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